un chaton vient de sauter sur un nuage.

il va pleuvoir, le ciel est lourd.

ma fenêtre a souri tout à l'heure

lorsque je l'ai ouverte.

pourquoi le ciel a-t-il grimacé ?

mon lit a jeté un œil par la fenêtre

toujours souriante

les draps ont frissonné,

je n'ai pas entendu ce qu'ils murmuraient.

te souviens-tu de leur chanson ?

je crois que le bébé des voisins

a fait ses premiers pas ce matin

j'aimerais que tu me fasses un bébé,

il aurait sans doute tes yeux.

je les ai entendus s'attendrir.

la pleine lune s'est dressée dans le ciel,

c'était mardi, elle était magistrale.

il faisait chaud, elle était orange.

des avions passent au-dessus de ma tête,

ils ronronnent, leurs lumières s'amusent,

elles jouent à imiter les étoiles.

il y en a plus... ou alors dormaient-elles hier ?

une bouche s'est ouverte

dans le mur de la cuisine,

elle avait faim mais n'a rien dit.

j'ai laissé quelques fruits et du lait,

tu sais, comme nos déjeuners sur le balcon.

un grillon vert pomme est entré,

je crois qu'il ne parle pas ma langue.

mais il s'est assis sur le sourire de la fenêtre,

sans doute va-t-il grimper sur le nuage

où le chaton s'est endormi…

un bruit de galop éclaboussé

avait surgi soudain,

les marécages entouraient

ces chevaux féeriques

dans leurs robes noires et blanches.

ils galopaient sur l’eau

avec grâce et insolence.

je me suis approchée de l’eau

lorsque soudain la dune

derrière moi, dune de sable

et d’herbes marécageuses

s’est fendue d’un large sourire.

ouvrant sa bouche de sable

elle balaya les marécages

d’un coup de langue,

sa langue était une fraise énorme

qui engloutissait tout.

les chevaux effrayés s’échappèrent

sur leur mer, galops salés

et la dune à la langue de fraise

referma sa gueule gigantesque

en un rictus satisfait.