05:00… il pleut enfin

des milliers de petits tambours

résonnent contre mes fenêtres.

dans la moiteur du petit jour qui s'annonce

je me laisse envahir de ces odeurs mystérieuses,

la douceur de la nuit est apaisante…
                     

06:00… il pleut toujours

quelques vapeurs s'élèvent encore

des toits brûlés par les journées d'été,

parfums d'humidité,

le jour se lève ainsi que la vie
                    

07:00… il ne pleut plus

je marche dans la rue qui miroite

sous le soleil encore pâle

pas d'oasis au bout de mon mirage…

il se pelotonne contre moi

se blottit entre mes bras et écoute,

attentif, en regardant les mots

des mots qu’il n’interprète qu’à travers moi

et je deviens soudain magicienne

faisant naître l’histoire au fil des lignes

ses grands yeux impatients s’émerveillent

ou s’amusent au son de ma voix

le livre d’images devient vivant

il penche la tête sur le côté,

sa petite main posée sur la mienne

" raconte-moi encore l’histoire "…

j’ouvre mes yeux ce matin

et je souris

je suis en vie pour une journée de plus

je m’étire tel un chat entre mes draps

sous le premier rayon qui passe ma fenêtre

après avoir frappé timidement

pour que je lui ouvre.

paresseusement il chatouille mes pieds.

comment appelle-t-on ce moment fabuleux

où les yeux s’ouvrent doucement

et où l’on étire un corps encore engourdi

en se sentant s’éveiller à la vie ?

ce bref instant où l’on ne pense pas encore,

avant de chercher nos repères

" quel jour sommes-nous ? "

je profite un dernier moment

de mon oreiller accueillant et tiède

" nous sommes mercredi, la vie m’attend"

Les ailes déployées déchireront les cieux.

l'oiseau métallique

te portera dans son ventre,

enfant de la terre.

il t'arrachera à ce petit nid

pour accoucher de toi dans le nouveau monde.

lorsque la coquille s'ouvrira

où seras-tu ?

une maison sans doute blanche

une capitale sur le Potomac…

dans mon nid, pas la même heure.

mais lorsque mes douze coups retentiront

et que deux mille étoiles exploseront

mes pensées traverseront un océan

le poète est un enfant fragile

qui souffre des mots plus qu'il n'en faut

ses doigts, en instruments, achèvent

des symphonies de vers, sourds

à l'appel de la raison

le poète est un enfant qui oublie de grandir

et ne comprend pas le monde,

immonde

machine bruyante et mouvante

il s'est construit sa planète

on le regarde parfois, amusé,

caresser le papier amoureusement,

l'encre tachant ses mains

on le regarde tendrement, un peu ému,

car cet être apparemment banal

va faire gémir nos cœurs, couler une larme,

nous heurter, nous culpabiliser…

il est sans doute un peu sorcier…