il a voulu voler mes folies

il a voulu posséder mes scorpions bleus

il a voulu prendre le sourire

de la bicyclette aux roues crevées

l’histoire du crayon qui rêvait d’être stylo

l’hélicoptère aux hélices de chocolat

j’ai indexé ses mots, sa poésie

je me suis fait décodeur de ses pensées

je suis devenue la main qui écrit ses mots

je trace le chemin des langues qui se comprennent

il est l’homme de la première étincelle

celui qui trace des routes nouvelles

celui qui fait de la vie un art

et place la lumière au-dessus de l’océan

j’ai fait de lui l’homme du dernier moment…

Quelque part un chat s'étire

sur le rebord d'une fenêtre, au soleil

peut être qu'un marché s'installe

sous les premières lueurs du jour
                    

ailleurs un train siffle en entrant dans une gare

où un couple s'embrasse les yeux plein de larmes

un homme envoie des milliers de mots

sur un clavier à l'autre bout du monde

sans doute une femme va mettre au monde

un enfant, fragile merveille

pendant qu'on abat des arbres centenaires

dans une forêt tropicale

quelque part…
                      

quelque part il y a ma place

petite place insignifiante et insoupçonnée

d'où j'observe l'incroyable activité du monde

où j'écoute les bruits de la vie

où j'imagine les rêves et les espoirs

les déceptions et les douleurs

et je pense à d'autres envies

de douceurs et de merveilles

il y a ces cœurs froids et fermés

auxquels on a tant envie de donner

mais qui se forgent des armures

de peur d'être vivants

il y a ces êtres qui vivent trop vite

trop intensément, trop occupés

pour prendre le temps de regarder

d'observer, de comprendre, d'aimer

qui remplissent leurs moindres minutes

pour ne pas écouter leur âme vibrer

pour ne pas sentir leur cœur exister

et qui ne comprennent leur erreur

que lorsqu'il est trop tard

ailleurs, quelque part, ou ici

la vie est un peu la même

on naît, on occupe sa vie, on meurt

mais qui sait pourquoi on prend plaisir

à gâcher ce qui pourrait être si fort…

je l'ai croisé ce matin sur les quais

il installait son petit étalage,

il m'a tendu l'un de ses biens

me disant "c'est celui du jour

il est encore tout frais".

je l'ai regardé et immédiatement

il m'a illuminée.

j'aime rencontrer des inconnus chez lui,

ils ont tous le sourire d'un pays,

d'une ville ou d'un souvenir.

à croire qu'en chacun de nous

reste le sourire d'un enfant

fidèle à ce charmant rendez-vous

chez le vendeur de sourires…

ronde, elle est ronde

est-ce qu’elle sourit ?

elle brille

elle est seule, tellement seule

est-ce qu’elle a peur ?

elle est illuminée

partout autour, mais tellement loin

peuvent-elles se toucher ?

les étoiles qui la regardent 

est-elle froide ? est-elle douce ?

elle me regarde, presque à portée de mes doigts

puis-je la toucher en montant sur l’échelle du temps ?

auréolée de diamants, elle scintille

elle s’appelle lune

je ne sais pas son âge,

mais je sais qu’elle attend

il y a une goutte au coin de mes yeux

dans laquelle elle perle doucement

quand je croise son regard

Ronde, elle est ronde

est-ce qu’elle sourit ?

j'ai croisé le regard du silence

qui voulait faire taire mon cœur

dans un brouillard d'amertume,

une overdose de solitude

mais j'ai écouté la sirène du désert

conduire les caravanes égarées

de mes sentiments incertains

jusqu'à croiser ton chemin

et j'ai entendu le rire des étoiles

lorsqu'elles se frôlent, lorsqu'elles dansent

dans les nuits d'ivresse céleste

avant que le jour ne les chasse

j'ai respiré les parfums du vent

couvert de passions doucement sucrées

qui m'ont fait entrer dans ma vie

que je regardais sans la toucher

j'ai brisé ma corde de funambule

pour me jeter dans ton arène

où tu me captures cœur et femme

éperdue mais pas perdue