il la croyait serpent

elle était chatte

un volcan s’était éveillé

jetant ses feux dans la mer

sans toucher l’enfant debout

dans un tourbillon d’azur
              

" regarde la lumière "

avait-il dit

comme l’étranger dans la nuit

que chantait le crooner

elle mordait sensuellement

une fraise rouge sang

la lumière baissait

un air de mandoline au loin

comme un vieux village andalous
              

" viens " avait-il dit

elle était chatte entre ses bras volcans

l’enfant s’était approché

" tu me dessines un serpent ? "

avait-il demandé les yeux pleins d’étoiles
               

un taxi bleu est passé sans bruit

" je m’aime à travers toi "

murmurait-elle dans sa tête

le miel de la lune était blond

le miel de la peau était chaud

qui sait combien de temps nous le boirons

nuit après nuit ?

je grimpais par-delà les arbres

sur leurs dos en escaliers

pour entrer dans le soleil

lorsque ma tête emplie d'océan

faisait déborder quelques vagues

sur mes joues, douces et salées

je couvrais mes yeux

d'une étoile apaisante

alors murmurait une chanson,

aux éclats de carillon

sifflée par quelques nuages

en écho à la brise

je me lovais dans les rayons

dans les bras de l'astre dieu

faisant partir en vapeur

mes océans

je sais que la fée

reste dans ma chambre la nuit,

pour s’envoler tout doucement

à l’aube, en appuyant sur le nez de la coccinelle.

alors dans une rivière de clochettes

elle me laisse bercée de rêves

les jours de grand froid

dans les flammes crépitantes

du feu de la cheminée

se cache la bonne sorcière

qui veille les enfants sages

sur les rayons du soleil

les journées d’été

les angelots jouent au toboggan

dans des rires de grelots

la nuit, d’étoiles en étoiles

sautillent les elfes en chantant

pour que la lune continue de sourire

en appelant la bonne fée…

il n'a pas encore neigé

mais la nuit est pleine d'étoiles

et lorsque l'enfant lève ses yeux

remplis de mille diamants

cet éclat envahit le monde d'étincelles.

il attend émerveillé les grelots du ciel

qui vont amener le traîneau magique.

bientôt le vieillard barbu aux yeux malicieux

déposera pour lui quelques merveilles

puis repartira vers d'autres cheminées,

sa hotte remplie de bonheurs empaquetés.

Noël de sa baguette magique

à chaque fois refait de nous des enfants

l'espace d'une nuit d'hiver…

j'adore cette naissance du petit matin

lorsque le jour ouvre tout doucement

des yeux encore ensommeillés

l'odeur de la vie qui s'éveille,

la fraîcheur de la lune qui pâlit

les premières voitures du jour

ou peut-être les dernières de la nuit

déjà on nettoie les rues de leurs rêves

on vide la ville de ses excès

et ses poubelles de leurs déchets

les oiseaux gazouillent un air timide

en attendant le premier jet de lumière

encoure tout rouge d'avoir tant dormi

j'aime les premières vies du matin

j'aime l'insolence du clocher

qui fixe la ville, l'air de dire

"j'ai travaillé toute la nuit,

je vais vous bercer tout le jour"

j'aime les premières odeurs de café,

les premières lumières aux fenêtres,

les chats qui s'étirent sur les balcons

le premier arrosage des fleurs

caressées par la main de l'aube

peut-être les premiers baisers

des amants enlacés