un petit ver traversait timidement

l'hiver aux doigts de verre

pour trouver ces quelques vers

de Prévert qui lui firent perdre

sa tendre vertu une nuit d'averse

tout près d'Anvers.

l'hiver, ce tremblement de verre,

tout de blanc couvert

lui donna soudain le vertige

vers où aller ?

quelles contrées traverser sans controverse ?

tant de diversités le troublaient…

envers et contre l'hiver il partit

sur le chemin de la vérité

dans le froid sévère,

presque un fait divers…

il regretta la verrière du manoir

sa douce chaleur, son vert printemps

le verrou toujours ouvert, où,

doucement chantait la rime des vers

que le poète renversait nonchalamment

sur sa page vernie de verbes,

de Prévert, encore…

ma prière tient en quelques mots

si souvent récités ou brûlés

si souvent écrits ou déchirés

ma prière est ferveur ou déchéance

au fil des mois, des saisons

ma prière disparaît doucement de moi

comme me quitte mon espérance

j’ai cru au miracle aussi longtemps

qu’un enfant sourit en écrivant sa lettre

chaque année au père Noël

mais un matin il prend son crayon

et ses enveloppes multicolores

et les range au fond de la malle à jouets

j’y dépose moi aussi ma prière épuisée

accrochée aux nuages transparents

j’écoute pousser l’herbe sauvage.

des abeilles aux pattes en pollen

murmurent à leur oreille. 

la brise aux vagues odorantes

se glisse entre mes cheveux

comme tes doigts quand tu les caresses.     

je croque les grains du temps

qui me serre doucement contre toi,

tu es entré en moi pour couler dans mes veines,

pour glisser dans mon âme

un souffle de bonheur de vivre.            

ton miel me recouvre le cœur.

vogue avec moi sur l’océan bleu

et déployons nos ailes translucides…           

parfois des libellules traversent le vent

dans un arc-en-ciel suspendu,

parfois l’herbe sauvage qui y pousse

se perle d’amour quand on y marche,

parfois une étoile traverse le ciel

lorsque ta tête se penche à mon oreille

Peter Pan nous garde tels des enfants

nous préserve dans nos jeux innocents

il a crocheté la serrure de nos secrets.

j’ai vu un ange derrière la porte invisible

celle qui ne s’ouvre que lorsqu’on chante

et je chante pour ton cœur

pour que tu souries en écrivant…

vers toi que je n'ai jamais su prier

toi que je n'ai jamais regardé ni écouté

vers toi, Dieu, je fais monter ma prière

sans savoir si quelqu'un me percevra.

je veux me réconcilier avec toi avant de partir

pas par besoin d'un repentir

mais pour l'espoir qu'il existe une raison

quand ta cathédrale se fait maison

et accueille mes songes en apaisement.

lorsque j'y entre à pas hésitants,

Dieu, fais-toi sentir tout puissant !

j'ai peur de ne plus être une enfant…

vers toi Dieu, je crie mes questions

mes doutes, mes incompréhensions

je veux savoir où chercher les racines

de ce saule où se rassemblent les peuples

qui chantent te louanges avec ferveur…

il y a des fils argentés

qui pendent du ciel,

je ne sais pas qui peut les accrocher.

parfois je vole, les yeux fermés

jusqu'au rebord des étoiles,

parfois l'air est si pur

qu'il entre en moi comme un éclat

de cristal multicolore

qui perce de fines lamelles

dans mon âme transparente.

alors mes yeux dansent un peu

autour des fragments du ciel

et tout est noir, et tout est bleu,

et tout est fragile, sans un bruit.

je ne sais pas qui commande tout cela

mais comme un ballet nocturne

les étoiles brillent en danse silencieuse.

le chorégraphe est-il magicien ?

lorsque le rideau de l'aube tombe

tout n'est que souvenir

et les fils d'argent sont fine pluie

qui goutte doucement sur mes yeux.